Le piège de la mauvaise communication : une bombe à retardement
Exprimer ses besoins avec clarté n’est pas donné à tout le monde.
C’est vrai, qui n’a jamais eu l’impression que sa vie serait tellement plus simple si seulement les autres pouvaient comprendre nos besoins sans même avoir à formuler une demande ?
Autant vous le dire immédiatement, c’est malsain.
Cette idée romantique, pourtant, cache un risque bien réel : celui de ne pas exprimer clairement ses besoins et de laisser s’accumuler frustrations et malentendus. Alors, osons poser la question : à quel point le manque d’assertivité peut-il saper nos relations et nous conduire droit dans le mur ? Cet article se propose d’explorer cette question sous un angle résolument pessimiste, pour que chacun prenne la mesure du problème et, peut-être, décide de prendre en main sa propre communication.
La peur du rejet : un obstacle à l’affirmation de soi
Les conséquences d’une communication timorée
La peur du rejet est un facteur clé qui entrave l’expression claire de nos besoins. Souvent, les personnes qui craignent d’être rejetées préfèrent taire leurs besoins et leurs sentiments, pensant ainsi préserver leurs relations.
Pour compenser la non-expression de leurs besoins ils mettent en place des stratégies qui portent rarement leurs fruits.
Exemple de stratégie pour contourner la peur du rejet : faire plaisir
L’une des stratégies privilégiées, quand on craint d’exprimer ses besoins, est celui de chercher à faire plaisir dans l’espoir d’un retour incertain. En effet, ce besoin, lorsqu’il devient criant, peut tout aussi bien faire fuir les personnes visées que les forcer à faire plaisir. Malheureusement, aucune de ces deux situations n’est tenable sur la durée et aboutit à la frustration, voire au conflit ou à la rupture de communication.
Une autre stratégie pour contourner la peur du rejet : faire le fier
Faire le fier est une stratégie bien plus répandue que l’on ne pense. En effet, on est nombreux à avoir entendu maintes fois des injonctions comme « tu dois te débrouiller seul » ou encore « personne ne m’a jamais aidé, tu dois donc faire comme moi ». Le problème dans ces phrases n’est pas l’invitation à se débrouiller tout seul, mais probablement le « tu dois ».
Ce « tu dois » mène bien souvent dans l’impasse.
Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’il n’offre pas d’option. Nous sommes bien incompétents, sans le savoir, dans bien de domaines ! Pas vous ?
Il est tout naturel d’avoir besoin d’aide dans ces situations. Il serait sain, par conséquent, de s’autoriser à demander de l’aide et à exprimer ses besoins.
Mais, non. Trop souvent, seulement pour répondre à cette injonction, qui nous a assurément été utile dans le passé, nous tombons dans le déni d’une situation dans laquelle nous faisons face à notre incompétence. Ne serait-ce que pour répondre à ce besoin que l’on préfère étouffer.
Malheureusement, faire le fier, peut aussi nous conduire à devenir désagréable avec nos congénères, voire à nous isoler et nous conduire à l’aigreur.
Une dépendance malsaine envers les autres
La peur du rejet peut conduire à une dépendance excessive envers les autres, poussant les personnes concernées à mettre leurs besoins de côté pour satisfaire ceux des autres. En se montrant constamment conciliants, ils cherchent l’approbation et l’affection des autres, espérant ainsi éviter le rejet.
Un recours malsain aux activités ou substances addictives
Ceux qui choisissent « l’indépendance » et le déni de leurs besoins, risquent, quant à eux, de basculer dans des conduites addictives : sport à l’excès, recherche de sensations fortes (sports à risque, excès de vitesse sur la voie publique habituels, consommation de drogues licites ou illicites). Il s’agit de remplacer un besoin naturel, souvent simple, par un afflux de dopamine dont le besoin ne cessera de grandir à cause de son caractère addictif.
Cependant, vous l’avez probablement compris, ces stratégies de substitution, plus ou moins complexes et difficiles à déjouer, sont vouées à l’échec. Elles créent des déséquilibres relationnels et empêchent les personnes de se sentir pleinement épanouies et authentiques dans leurs interactions.
Par ailleurs, cette difficulté à assumer leurs besoins de façon simple et naturelle peut également les rendre vulnérables à la manipulation et à l’exploitation, notamment de la part de personnes toxiques.
La peur du conflit : un frein à l’expression de nos besoins
Les conséquences d’une communication passive
Dans la jungle des relations humaines, nous sommes au contact de congénères qui font moins de bruit que les autres : les communicateurs passifs. Ceux-ci s’expriment avec difficulté, craignant les conflits et cherchant à tout prix à préserver la paix sociale. Mais au regard du temps qui passe, leur stratégie se révèle contre-productive.
Leur passivité les conduit à un cercle vicieux de frustrations et de rancœurs, avec pour résultat une détérioration des relations interpersonnelles et une baisse de l’estime de soi. Mais avant cela, ce qui les guette, est la difficulté à se trouver une place, sans tomber dans la solitude.
En évitant d’exprimer clairement ses besoins, le communicateur passif prend également le risque de voir ceux-ci ignorés par les autres, qui ne peuvent les deviner.
Une porte ouverte aux manipulations
Le communicateur passif se trouve en outre particulièrement vulnérable face aux individus manipulateurs et dominateurs. En effet, ceux-là savent exploiter d’instinct ces faiblesses et profitent de sa peur du conflit pour imposer leurs volontés et dicter leurs conditions.
Dans cette dynamique malsaine, les besoins du communicateur passif passeront, dans un premier temps, à la trappe avant de subir un débordement émotionnel les conduisant au conflit ou à la maladie.
Une mauvaise compréhension des autres
Des attentes irréalistes
En n’exprimant pas explicitement ses besoins, le communicateur passif projette sur les autres ses propres attentes, sans considérer leur individualité et leurs contraintes. Cette incompréhension mutuelle peut créer un terreau fertile pour les malentendus, les déceptions et les frustrations.
L’isolement et la solitude
Comme évoqué plus haut, le manque d’assertivité, qui empêche d’exprimer ses besoins, peut engendrer un sentiment d’isolement, car il nuit à la création de liens authentiques et sincères avec les autres. Sans partage clair de nos besoins, il devient difficile de se sentir compris et soutenu, alimentant un sentiment de solitude et de mal-être.
Lorsque l’isolement et la solitude deviennent trop présentes, les risques sur la santé physique et mentale sont à considérer sérieusement.
Un impact négatif sur la santé physique et mentale
Le stress et l’anxiété
La difficulté à exprimer clairement ses besoins engendre un stress chronique, qui peut à son tour provoquer de l’anxiété et des troubles du sommeil. À long terme, cette situation est susceptible de peser lourdement sur la santé mentale et physique de la personne, avec des conséquences potentiellement désastreuses sur sa qualité de vie.
La dépression et les troubles de l’humeur
Le manque d’assertivité peut également favoriser l’apparition de troubles de l’humeur, tels que la dépression. En effet, ne pas exprimer ses besoins et accumuler les frustrations peut conduire à un sentiment d’impuissance et d’insatisfaction chronique, sapant peu à peu la joie de vivre et le bien-être émotionnel.
Un fardeau pour les relations professionnelles et les interactions avec les collègues toxiques
La stagnation professionnelle
Dans le monde professionnel, ne pas exprimer explicitement ses besoins et ses attentes nuit potentiellement à l’évolution de sa carrière. Les supérieurs hiérarchiques et collègues risquent de ne pas comprendre les aspirations du communicateur passif, qui se retrouvera coincé dans une position inconfortable et insatisfaisante.
Prenons une situation extrême.
Les conséquences du contact avec un collègue toxique
Lorsqu’on ne parvient pas à exprimer clairement ses besoins et ses limites, il devient extrêmement difficile de se protéger face à un collègue toxique.
Ce type de personne cherche à tirer profit de la faiblesse des autres, exploitant leur manque d’assertivité pour s’imposer et les manipuler. En conséquence, le communicateur passif risque de se retrouver piégé dans une relation professionnelle destructrice, où ses besoins sont constamment bafoués et ses limites violées.
Dans ce contexte, le manque d’assertivité peut engendrer un profond sentiment d’insécurité et de mécontentement, mettant en péril non seulement la carrière professionnelle, mais également le bien-être général de la personne concernée.
L’épuisement professionnel, la détérioration de la santé mentale et les problèmes relationnels ne sont que quelques-unes des conséquences possibles de cette dynamique toxique.
En effet, lorsque ce genre de situation n’est pas traité à temps, l’un des risques et que la personnalité toxique ait pris l’ascendant sur plusieurs collègues, voire des hiérarchiques et fasse jouer son influence en sa faveur en décrédibilisant ses collègues les plus isolés.
Lorsqu’on encaisse trop dans le silence, le risque est de finir par décompenser par des sautes d’humeur ou la colère au moment le plus inopportun et d’être étiqueté « d’infréquentable » et de bourreau alors que l’on s’était soi-même attribué le rôle de victime dans le triangle de Karpman.
Agir avant qu’il ne soit trop tard
Il est évident que ne pas exprimer ses besoins explicitement représente un risque avéré pour la qualité des relations et le bien-être général du communicateur passif.
En choisissant de rester passifs, on s’expose à des souffrances et des déconvenues qui, pourtant, pourraient être évitées grâce à une communication assertive.
Apprendre à exprimer ses besoins avec clarté est une clé incontournable pour un mieux être quasi immédiat. Même si cela semble difficile, voire impossible, il est essentiel de prendre le taureau par les cornes et d’affronter ce défi, pour le bien de notre santé, de nos relations et de notre avenir. Car, après tout, qui veut aller loin ménage sa monture… ou plutôt sa communication.
Prendre rendez-vous et apprendre à exprimer ses besoins dès maintenant.