Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de liberté et de la gestion des émotions « négatives ». Oui, parce que nous sommes cerclés par des cages. Oui, mais la pire des cages, on n’y prête attention que trop rarement. Elles sont là souvent sans qu’on ne s’en aperçoive. Pourquoi ? Parce qu’elle est en nous. Je vous propose de parler de la liberté que nous pouvons perdre quand nous perdons notre self-control, car parfois, gérer sa colère devient un acte d’héroïsme, surtout quand il faut désamorcer un conflit ou surmonter un évènement qui nous échappe.

Eh oui, Pythagore le disait déjà !
Aucun homme n’est libre s’il ne sait pas se contrôler
Pythagore
N’avez-vous jamais senti une profonde injustice face à quelque chose que vous avez subi dans votre propre chair ? Au travail, entre amis, face à la maladie ou encore, quand vous étiez jeune. J’aimerais que l’on s’intéresse à cette époque. En effet, c’est à ce moment-là qu’il y a le plus de chances que vous vous soyez retrouvé démuni et conscient de l’être.
Il est fort probable qu’à cette époque, vous ayez été critiqué et jugé coupable. Le pire, c’est que vous avez été condamné par votre entourage, à tort donc, de quelque chose que vous n’avez pas fait. Ce contexte a pu faire en sorte que, non seulement vous ayez vécu la colère, mais aussi des sentiments comme la trahison, l’injustice, le rejet et même pour certains, la culpabilité.
Dans un souci de clarté, plutôt que de vous laisser imaginer une situation hypothétique, je vais vous citer un exemple vécu. Il vous aidera à vous projeter dans vos propres expériences similaires.
J’étais en cours de philosophie et nous parlions du langage juste après avoir abordé les notions d’inné et d’acquis. L’enseignante soutenait une thèse qui était, pour moi, inaudible, car je m’étais intéressé au sujet précédemment.
Les animaux n’ont qu’un langage limité, il n’y a pas d’apprentissage chez les animaux. La communication est innée chez eux et est limitée.
Ma prof de philo de l’époque
J’étais abonné à des fiches sur la vie des animaux et la connaissance de leurs comportements. Parmi les fiches découvertes que j’avais reçues récemment, il y en avait une qui parlait d’une variété de singes qui m’avait impressionné : les vervets parlants.
La fiche expliquait qu’ils étaient capables de reproduire jusqu’à soixante signes et que ces derniers évoluaient de l’enfance à l’âge adulte, mais différaient d’un groupe à l’autre. C’est-à-dire que d’un groupe à l’autre, on ne retrouvait pas le même vocabulaire !
Je me suis donc permis de réagir à ces propos en partageant ce que j’avais lu.

La réaction fut sans appel : l’enseignante se mit à rire à gorge déployée et tout le monde dans la classe l’a suivi en riant. J’essayai d’argumenter, mais mes propos furent ignorés par ma prof de philo qui préféra jouer la comédie et passer à la suite, probablement pour sauver les apparences et fuir la critique, même constructive.
Je me suis senti en colère, car plutôt que de considérer mon questionnement, elle choisit de se moquer et de me mépriser. Vous pouvez imaginer ma frustration de ne pas pouvoir faire le lien entre les différents apports que j’avais eus à travers mes différentes sources dans un cours de philosophie. De quoi décourager la curiosité naturelle nécessaire pour apprendre.
Peu importe l’anecdote. Ce qui compte, c’est l’enseignement que l’on peut en tirer sur la gestion des émotions, le contrôle de ses réactions face à sa propre colère et la frustration.
Les options pour gérer ma colère et garder mon self-control
Henri Laborit (médecin, chirurgien et neurobiologiste) a développé la théorie des trois réactions instinctives qu’il a appelé la « théorie tripartite des comportements émotionnels ».
Selon sa théorie, nos comportements émotionnels sont pilotés par trois réactions d’instinct fondamentales : la fuite, l’agression et l’inhibition. En réalité, ce sont nos trois possibilités de réponse automatiques quand on vit une expérience de stress ou de menace.
J’avais donc plusieurs choix plus ou moins instinctifs à ma disposition :
- L’agression. (j’aurais pu répondre avec le même mépris et me faire sanctionner)
- La demande de réparation (j’aurais pu formuler une plainte afin d’obtenir des excuses). Celle-ci requiert déjà un certain niveau de self-control.
- L’inhibition (j’encaisse sans rien dire et j’attends que ça passe). La fuite comprend des conséquences différentes, mais à l’instar de l’inhibition, elle ne traite pas le problème de fond.
- L’acceptation des limites de l’enseignante (j’aurais pu aussi la comprendre dans ses limites après coup). C’est l’option ultime. Elle requiert néanmoins du travail pour atteindre un bon niveau de maîtrise de soi.
En tant que lycéen rebelle, j’ai préféré me désintéresser un peu plus de ma scolarité et me convainquant que mon avenir était ailleurs. Cela ressemblait plutôt à une perte de sens et un début d’abandon.
Le self-control comme début de solution
Bien que n’étant pas un pro du self-control, je suis resté impassible. Malgré cela, l’option que j’ai choisi n’avait rien avoir avec ce que l’on peut appeler « gérer sa colère ». J’ai encaissé. Malgré ma maîtrise, je ne me suis pas senti plus libre. Je me suis senti plutôt étiqueté comme « original ».
Je n’avais fait que différer des émotions fortes, mais en ne les traitant pas, je ne me suis pas respecté moi-même. Que faire quand une situation similaire se présente ?
Les options pour gérer sa colère
La première option peut en être une si vous n’êtes pas trop introverti ou hypersensible à moins que vous soyez aguerri à l’oral et que la joute verbale ne vous fasse pas peur. C’est la plus aventureuse, car en suivant vos impulsions, vous risquez de perdre votre self-control.
La deuxième option (demande de réparation) est souvent nécessaire. Elle ne requiert pas moins de savoir gérer sa colère. Aussi, afin d’augmenter ses chances d’obtenir gain de cause, reporter la demande en provoquant un tête-à-tête est hautement recommandé pour éviter de mettre votre agresseur en mauvaise posture publiquement.
La troisième option, est souvent confondue avec le self-control. Cependant, l’inhibition n’a rien à voir avec le contrôle de soi, mais avec la peur. C’est une option et elle est acceptable quand on se sent démuni bien qu’elle ne soit pas résolutoire. L’inhibition permet de rester et continuer d’appartenir sans trop de remise en question.
L’option qui accompagne cette dernière est la fuite, mais à la différence de l’inhibition, dans ce cas le risque de rupture est important. La fuite est utile si cela vous permet de vous mettre en sécurité lorsque votre intégrité physique ou psychologique est en danger.
La quatrième option est habituellement la plus choisie à priori, mais elle n’est pas forcément la meilleure. En effet, si vous êtes plutôt du genre discret et à éviter les vagues, ce n’est pas parce que vous acceptez les limites des autres que vous avez réglé le problème. Le fait est que vous avez subi un dommage et ne pas le traiter peut vous amener à nourrir un sentiment d’impuissance apprise ou du ressentiment parce que vous n’aurez pas exprimé votre colère.
Faire preuve d’assertivité
Le self-control c’est bien, mais il ne suffit pas. En effet, traiter le dommage subi n’est pas une option, c’est un besoin fondamental pour grandir humainement et ne pas perdre sa capacité d’empathie, sa capacité à se mettre en relation avec les autres de façon saine.
Une attitude assertive aurait été d’attendre que les rires se terminent pour reprendre et exprimer simplement que la réponse de mon enseignante ne me convenait pas. L’assertivité est, en effet, une façon de traiter le problème à chaud.
Mais en fait, qu’est-ce qu’est l’assertivité ?
En résumé, il s’agit de l’aptitude à exprimer son désaccord sans agressivité quand quelque chose ne vous convient pas. L’assertivité permet donc de traiter la situation dans le respect de soi et de son interlocuteur. Quand vous en arrivez là, vous avez atteint un excellent niveau de self-control.
Il reste peut-être une question sans réponse…
Comment pratiquer le self-control
Voici des pistes à explorer.
- Écouter ses émotions pour minimiser le risque de se laisser surprendre par ces dernières
- S’entraîner à exprimer son ressenti dans sa vie de tous les jours sans tomber dans la critique
- Prendre l’habitude de traiter les petits problèmes : c’est le meilleur entraînement
- Lorsque vous débordez de colère, en parler au calme avec ceux qui la subissent
- Passez à l’action sur les petits problèmes pour trouver le courage d’affronter les gros quand ils se présentent
- Pratiquez une activité physique pour profiter des bonnes hormones et complétez avec la respiration, la cohérence cardiaque, le yoga ou la méditation
- La nuit, facilitez-vous un sommeil de qualité
⚠️ Attention, certaines situations ne dépendent que de nos propres limites d’être vivant. C’est dans ce genre de cas, que l’exercice du self-control est le plus difficile. Je parle des limites de notre condition humaine, de la maladie et de la mort, notamment. L’acceptation de nos propres limites est souvent un cheminement douloureux dont l’une des clés est la spiritualité. Une autre clé qui pourrait également vous aider est celle de la réconciliation avec soi-même et avec les autres à travers la pardon.
Vous l’aurez compris, de mon point de vue, la liberté n’est pas qu’une question de self-control, il faut aussi développer une attitude assertive vis-à-vis de ses interlocuteurs et une bonne gestion des émotions. Quand on traite les situations conflictuelles à chaud, avec assertivité, le risque de dommage est minimisé.
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