Aux antipodes du lâcher prise, nous passons une partie de notre énergie, de notre temps, mais également de notre argent à réduire les aléas de la vie. On tente de gommer le caractère imprévisible de notre vie, de nos activités, de notre environnement, de nos objectifs et projets pour, non pas élargir, mais border, autant que possible, sa zone de confort. Pourtant, vous l’aurez remarqué, on échoue souvent à repousser les aléas et cela mène souvent à l’épuisement et au pessimisme.
Ce n’est que récemment que j’ai appris que l’on pouvait assurer les jouets des enfants… jusqu’où notre société ira pour nous « assurer » ?
Le lâcher prise, une nécessité
L’ironie du sort, c’est quand une crise mondiale vient frapper à notre porte et remet en cause une grande partie de nos habitudes, de nos choix et de nos certitudes. Nos vies sont clairement bouleversées. Certaines de nos relations changent brusquement de nature, mais notre environnement change aussi fortement. À peine, on croit être sorti de la crise, qu’une nouvelle se présente pour nous enfoncer un peu plus.
Qui aurait cru, un an plus tôt, que nous nous habituerons au port du masque ? Plus personne ne parle de la gêne qu’ils occasionnent. On voit parfois des témoignages des jeunes qui avouent ne plus vouloir l’enlever pour des raisons autres que celles pour lesquelles ils l’ont adopté… Que dire du plexiglas chez le coiffeur ou à la supérette du quartier ? Ne vous êtes-vous pas « un peu » habitué à votre nouvelle façon de saluer ou de ne pas saluer les personnes que vous croisez ?
Je n’avais jamais remarqué autant d’employés de magasin s’abstenir de saluer depuis le début de la crise sanitaire. Plus que jamais, créer du lien est important. En effet, je ne m’étais jamais senti aussi anonyme. Partagez-vous ce sentiment ?
D’accord, ou pas d’accord, vous vous demandez certainement quel est le lien avec le lâcher prise ? Si je m’écarte du sujet, ce n’est que pour illustrer les causes profondes. Notre besoin de contrôle nous vient principalement de deux ingrédients. Tout d’abord, il prend racine, pour beaucoup, dans nos peurs, mais également, dans la complexité de plus en plus présente dans notre quotidien.
Contrôle versus complexité
On aime dire, et je m’inclus dans le « on », que notre monde est de plus en plus complexe. Pourtant, quand je suis tombé sur ces quelques mots d’Héraclite, je me suis dit qu’il ne s’agit pas d’une surenchère de la complexité, mais plutôt d’une quête effrénée de contrôle qui complexifie notre réalité.
Pourtant, cette crise comme tant d’autres ou encore les catastrophes naturelles nous enseignent l’humilité. C’est l’occasion aussi, un peu, d’apprendre l’utilité d’un certain minimalisme ou frugalité dans notre mode de vie pour opposer à la recherche de contrôle celle du sens.

Comment lâcher prise ?
Donner du sens à ce que nous faisons. Donner la priorité aux projets et actions qui ont vraiment sens pour nous malgré l’inconfort de l’inconnu. Comment donner davantage de sens à nos choix ?
En nous posant des questions : « Pourquoi », « Est-ce bien vrai que… ». Lâcher prise n’est pas s’en foutre, c’est donner du sens à ce qui nous arrive. Mais pour donner du sens, il est souvent nécessaire de remettre en question.
C’est ainsi que j’interprète ces mots du philosophe : « Attendez-vous à l’inattendu ». Non, ce n’est pas une invitation au contrôle de nos vies, mais plutôt au lâcher prise. Nous ne sommes que peu de chose face à l’univers : consacrer de l’énergie à vouloir contrôler ce qui ne peut pas l’être, c’est perdre son temps. Autant faire ce qui compte ici et maintenant.
Attendez-vous à l’inattendu
Heraclite
Cette dynamique recèle des bénéfices inattendus, c’est le cas de le dire. En effet, en acceptant le lâcher prise on renforce sa relation à soi. Jean-Paul Sartre a dit : « L’être dit libre est celui qui peut réaliser ses projets. Je vous laisse découvrir le lien.
