Prendre la parole pour séduire, impressionner ?
Dans mes accompagnements pour prendre la parole en public ou lorsque j’enseigne l’expression et la communication, il m’est arrivé d’entendre, « je veux les impressionner ». C’est culturel, nous croyons que nous devons à tout prix marquer les esprits.
On pense que pour oser prendre la parole, il va falloir être « vraiment bon ». Il faut montrer qu’on est au top, qu’on est à la hauteur.
Cette habitude entraîne une dynamique interne souvent problématique, car on se met alors une sacrée pression.
Cela pourrait faire penser que, aux antipodes de l’assertivité, nous cherchons à compenser une complexe d’infériorité en voulant impressionner, séduire, voire subjuguer nos interlocuteurs.
Vous voyez ce que je veux dire ? Un exemple sera peut-être plus parlant.
Robert est cadre intermédiaire depuis peu dans une entreprise de taille moyenne et vient me voir parce qu’il doit prendre la parole face à sa hiérarchie et il veut s’y préparer.
Il doit réussir à démontrer que ses résultats sont suffisants pour défendre son salaire et son poste. Il arrive avec un discours appris par cœur et il souhaite l’améliorer auprès de moi.
Quand nous démarrons le travail, le discours sonne faux. Pourtant, il est assez satisfait de lui, car il n’a rien oublié et il a réussi à ajouter quelques traits d’esprit. Tout y était du point de vue forme.
Côté fond, il était également au rendez-vous, c’était ailleurs qu’il avait une certaine marge de progrès.
Convaincre son auditoire ?
Soyez convaincant pour prendre la parole… Avez-vous déjà entendu cette injonction ? Démontrer que l’on a raison par la force de conviction, convaincre que nous sommes le bon candidat, le bon interlocuteur… est-ce vraiment ce qu’il faut faire en priorité quand nous prenons la parole ?
Je me suis récemment retrouvé en formation face à un formateur qui cherchait à convaincre son auditoire. Mais qui cherchait-il à convaincre ? Nous avions tous payé pour recevoir la formation, c’était donc déjà fait.
Aujourd’hui, quelques semaines plus tard, je me souviens plus de l’effort qu’il semblait faire pour nous gagner à sa cause que de ses propos. C’est comme si j’avais dû faire des efforts avec lui.
Est-ce que ça évoque quelque chose pour vous ? Ne vous êtes-vous jamais trouvé face à un vendeur qui vous vantait tous les mérites d’un produit que de toute manière vous aviez déjà décidé d’acheter ?
Un proche qui insistait sur des propos que vous teniez d’emblée pour vrais ? Dans ce cas, chercher à convaincre peut avoir un effet contre-productif.
En effet, on pourrait se demander ce que ça cache.
Dans ces deux cas de figure, le preneur de parole dépense beaucoup d’énergie. Bien qu’il soit acteur de son discours et qu’il est le chef d’orchestre de ce moment, il se trouve dans une situation d’attente.
Oui, il est dans l’action et pourtant il attend.
En effet, il attend la réaction de son auditoire, mais il guette la bonne réaction. Celle qu’il imagine être la bonne et qui lui permettra d’être rassuré.
Présenter un visage humain pour prendre la parole
Aimez-vous les gens à qui tout réussit ? En général, même sans rien faire, les personnes parfaites nous rappellent ce que nous ne faisons pas ou que nous aimerions pouvoir faire.
Ils peuvent nous paraître lisses ou trop supérieurs pour être vrais et peinent attirer notre sympathie.
Cette perfection apparente peut donc desservir plus qu’il n’y paraît, car elle génère rarement des sentiments très positifs.
Aux perfectionnistes, nous leur préférons en général, les canards boiteux, les victimes, les personnes qui nous rappellent nos faiblesses quand on perçoit leurs failles.
Chercher à maîtriser ce qui ne dépend pas de nous, nous rapproche de ce type de profil et nous éloigne de notre vrai visage, un visage plus nuancé et humain qui assume, aussi humblement que possible, ses zones d’ombre.
Chacun son rôle : vous prenez la parole et votre auditoire réagit
« Ne peut-on donc pas contrôler les réactions de notre public » me direz-vous ? Dans ce cas, je répondrai avec une autre question : pensez-vous que ce soit le plus efficace et durable ?
En effet, si nous ne devons pas chercher à séduire ni à convaincre et en plus, nous gagnerions à lâcher le contrôle, quelle stratégie devons-nous adopter face à nos interlocuteurs ?
Et, si nous décidions d’abord de prendre soin de notre public ? Vous êtes probablement d’accord avec moi : nous avons plus à y gagner que notre public quand nous prenons la parole.
Nous gagnons à être nous-mêmes, en lâchant prise sur ce qui n’est pas sous notre influence. En effet, nous ne contrôlons pas la façon dont notre message sera accueilli.
Une chose est certaine : notre auditoire comme nous-mêmes avons décidé de passer un moment ensemble autour d’un même sujet.
N’est-ce pas suffisant pour le traiter d’égal à égal, comme s’il s’agissait d’un ami que nous n’avons pas vu depuis longtemps ?
À ce titre, accepter le regard de l’autre tel quel, nous permet de nous concentrer sur les deux éléments essentiels : le message et le lien.
Tisser le lien avec notre auditoire et délivrer notre message sont, à mon sens, le meilleur conseil pour prendre la parole qu’on puisse donner à quelqu’un de pressé.
D’accord, pas d’accord ? Vous êtes libre de vous exprimer à travers les commentaires.
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