Il existe une croyance populaire qui veut que réaliser ses projets, est le propre d’une certaine catégorie de personnes : celle des gens bien, des disciplinés, de ceux qui ont réussi leurs études ou encore, qui ont su faire jouer leur réseau à travers leurs qualités relationnelles. Aujourd’hui, j’ai envie de vous dire que tout cela est très certainement faux.
Nombreuses sont les personnes ayant raté leurs projets et pourtant ils avaient tout ça : des relations, de belles études, de la discipline et que sais-je encore ; tenez, un pincée de perfectionnisme. Il y a aussi tous ceux et celles dont on ne se doute pas qu’ils ont commencé par échouer un certain nombre de fois avant de réussir.
Ce n’est pas parce que la cour est mouillée qu’il a plu ! Vous êtes d’accord ?
Avant, bien que ce soit toujours d’actualité (je vous laisse deviner laquelle), on parlait de sophisme. Aujourd’hui on parle de biais cognitif quand c’est involontaire : on trouve un lien de cause à effet alors qu’il n’y a que simple corrélation. Je suis certain que vous connaissez la différence car il y en a bien une.
Je parle du biais de confirmation.
Le fait est que de cette fausse croyance naissent un certain nombre d’idées de stratégies à appliquer pour réussir sa vie (faudrait-il encore définir la réussite) : Développer son réseau, reprendre des études ou s’imposer une discipline de fer pour ne citer que quelques stratégies. Mais il y en a une autre qui est relativement commune : celle de « j’essaie pour voir et si ça ne marche pas, pas de regret ».
En soi, ce n’est pas mal du tout d’essayer des choses. Au contraire. C’est sain de prendre des initiatives et d’apprendre de ses échecs.
Le problème est que si on se contente de cette stratégie, dans la plupart des cas, c’est comme si on avançait à l’aveuglette car on ne prend pas le temps de tirer les leçons utiles. Aucune garantie que l’énergie qu’on consacre à se bâtir un avenir meilleur rende plus heureux sans cette prise de recul.
De l’extérieur, tout semble entrer dans l’ordre sauf soi-même.
Deux possibilités apparaissent alors. Certains se résignent, digèrent leurs regrets et oublient en se trouvant des distractions. On dit d’eux qu’ils s’occupent.
Dans la plupart des cas, on trouve des moyens pour améliorer sa vie. Une augmentation de salaire, des soirées animées, des destinations vacances qui font rêver les autres (on fait plein de photos à montrer aux amis). On peut ressentir même qu’on a une vie plus pleine. Bien qu’il ne faut pas minimiser les « petites victoires » et les plaisirs, il s’agit souvent de satisfactions de courte durée.
Oui, mais combien de temps ça va durer et à quel prix ?
Il peut se passer une vie.
Sinon, on vient à la deuxième possibilité. Très vite, on se jette à corps perdu dans un nouveau projet pour améliorer substantiellement sa vie et on entre à nouveau dans la course aux rats . Car il en faut toujours plus ! Mais toujours plus de quoi et surtout, pourquoi ?
Arrivera le moment où on regardera en arrière en se demandant ce qu’on a fait de son temps et on se posera les questions « Pourquoi ? », « Pour quoi faire ? » sans pouvoir y apporter une réponse qu’on aura envie de retenir.
Mais enfin ! Que se passe-t-il ?

Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous avez fait de votre vie ? Quelle est la dernière fois que vous vous êtes demandé qui vous étiez vraiment ?
Et si la question à se poser n’était pas quoi faire mais plutôt qui suis-je ?
C’est ce sens que je donne à ces mots de notre philosophe national :
L’être dit libre est celui qui peut réaliser ses projets.
Jean-Paul Satre
Comment en suis-je arrivé là à partir des mots de Sartre ? J’ai cherché simplement à définir les concepts :
- Être : personne (dans notre cas).
- Liberté : faculté d’aller et venir comme bon vous semble de façon autonome.
- Être libre : personne qui est soi-même, qui agit avec son libre arbitre en conscience de ce qu’il est en toute autonomie et interdépendance saine.
- Réaliser : rendre réel et tangible quelque chose.
Réaliser ses projets à soi
L’être libre n’est pas celui qui peut aller et venir où bon lui semble ni faire de son temps ce qu’il a envie de faire. La limite semble évidente. Non, l’être libre est, selon moi, celui qui sait qui il est car quand on sait qui on est vraiment alors on n’a plus besoin de se demander quoi faire. On n’a plus besoin de réaliser de projets. Le projet est sa vie et presque ce qui est à « faire » devient une évidence.
Mais alors, quel est cet être libre qui réalise ses projets ? Comment être libre ? Si vous en êtes là, probablement que le simple fait de vous poser ces questions en y apportant une réponse suffit. Quelle que soit votre réponse, elle vous met sur le chemin de la liberté. Quand vous consacrez du temps à un projet et vous vous sentez libre, vous avez un indice de la justesse de ce que vous faites pour vous.
