Aller vers les autres quand on est introverti ou timide peut relever du défi. Avec le temps vaincre sa timidité, devient plus compliqué. En effet, à mesure qu’on avance dans la vie, on laisse derrière soi les principaux viviers de relations : collège, lycée, université… Pour peu qu’on ait déménagé dans son parcours, le cercle d’amis peut vite se réduire à néant. Se faire de nouvelles amitiés devient une priorité quand on recherche un bon équilibre vie pro vie perso.
Différence entre timidité et introversion
Mais avant d’aller plus loin, il faut peut-être se rappeler la différence entre timidité et introversion. En effet, le timide n’ose pas aller vers les autres. En réalité, on peut être timide et introverti, mais il s’agit bien de deux choses distinctes.
L’introversion en revanche se caractérise davantage par un mode de gestion de son énergie différente. L’introverti a besoin de se ressourcer seul ou en très petit comité. L’extraverti au contraire, a besoin de voir du monde pour recharger ses batteries.
Bref, l’introversion n’est pas un problème en soi. L’introverti peut avoir une vie sociale pleine et épanouie ce qui n’est pas le cas du timide qui veut bien rencontrer du monde, mais n’ose pas.
Sortir de sa zone de confort pour rencontrer du monde
Établir de nouveaux liens demande un certain effort. En effet, on garde bien souvent comme référence les bonnes relations qu’on a eues par le passé. L’écart entre la nouvelle situation de départ et celle qu’on aimerait atteindre peut se révéler abyssal.
Obligé à sortir de sa zone de confort, on a vite perdu ses repères et on peut considérer son environnement comme hostile. Parfois, les premiers contacts peuvent apparaître comme décevants. Ces résultats peuvent décourager en raison des risques perçus. En effet, on peut redouter le ridicule ou la honte d’être identifié comme une personne sans relations. Il s’agit généralement d’appréhensions infondées.
Quand tout devient plus facile pour les timides
Quand on dépasse le stade des peurs imaginaires, tout devient plus facile pour passer à l’action. Je ne vous propose pas ici de jouer les extravertis. C’est une option qui ne convient qu’à une minorité de timides. Je vous suggère plutôt de vous intéresser à ce qui a déjà été testé par d’autres qui ont obtenu des résultats probants.
Vaincre sa timidité : êtes-vous prêt au défi ?
Attention, vous le savez, on n’a rien sans rien et pour obtenir des résultats, il faut de la pratique régulière et de la patience. Mais si vous êtes ici, je suis convaincu que vous possédez au moins deux compétences : de la patience et de l’endurance. La pratique vient en pratiquant :p
Je vous propose de découvrir à la suite de cet article plusieurs clés pour dépasser votre timidité, développer votre aisance relationnelle et avoir une vie plus épanouie.
À quoi ça sert de vaincre sa timidité et développer des relations épanouies ?
Je vais être très terre-à-terre. Les études qui démontrent l’avantage d’une vie aux relations épanouies font légion. Aujourd’hui cependant j’aimerais m’arrêter particulièrement sur une scientifique peu connue. Elle a pourtant réalisé une méta-analyse de plus d’une centaine d’études. Il s’agit de Julian Hold Hunstad reprise par Susan Pinker dans une conférence TED.
Trêve de suspens, voici pourquoi il est bénéfique de rencontrer des gens. Les études montrent que vous pourrez ainsi vivre heureux plus longtemps. Mais si on s’intéresse aux émotions, il n’y a pas besoin de grandes études pour tirer des conclusions similaires. Je parle notamment de la joie, comme conclut le film « Into the Wild« , le vrai bonheur, c’est celui qui est partagé. En effet, l’émotion de la joie, invite à célébrer avec ses proches. Ecoutez Susan Pinker, sondez votre ressenti et vous saurez si pour vous vaincre sa timidité en vaut la peine.
Avant d’aller plus loin…
J’étais dans le métro à Madrid plongé dans mes pensées lorsque le métro s’est arrêté. J’ai pris conscience du brouhaha quand une dame d’un certain âge s’est assise à côté de moi et a engagé la conversation : « Où vas-tu ? D’où viens-tu ? Que fais-tu ? … » Nous nous sommes quittés à peine quelques minutes plus tard. Cette personne ne m’attirait pas le moins du monde et pourtant je venais de passer un excellent moment avec une parfaite inconnue.
Pourquoi je parle de cette expérience ?
Parce que généralement quand on est timide on a peur de déranger. En tout cas, c’est ce qu’on peut croire, qu’on va déranger. En réalité, on a davantage peur du rejet que de déranger. Les risques d’être rejetés par des inconnus est minime et le risque de déranger est bien moindre.
Un autre exemple. Allez voir des pêcheurs, ils adorent se lever tôt et passer de longues heures en silence. Pourtant, si en passant vous osez leur poser une question en vous intéressant à ce qu’ils font, vous obtiendrez souvent un très bon accueil. J’ai eu du mal à quitter le dernier pêcheur que j’ai rencontré tellement il était content d’échanger.
Qu’est-ce que je tire comme hypothèse de ces deux expériences ? Les gens préfèrent généralement un échange humain chaleureux que la solitude qu’ils retrouveront de toute façon tôt ou tard.
Je vous lance un défi

À partir des deux exemples que je vous ai donnés plus haut, je vous propose de vérifier par vous-même. En effet, on pourrait évoquer les différentes études réalisées à ce sujet mais « Fait est mieux que parfait ». Évitons donc l’écueil du perfectionnisme et passons à l’action sans plus attendre. Pour la suite de votre mission, bien évidemment, si vous l’acceptez, je vous soumets ce challenge.
Cherchez à vérifier avec au moins dix personnes, combien vous en dérangez en les saluant et en leur posant une question ou un commentaire au choix.
Nota : Vous trouverez toujours des personnes mal lunées, mais faites le compte et laissez-moi en commentaires vos résultats. Si le défi est trop fort, passez à l’exercice 1 et revenez ensuite au challenge.
Voyons maintenant concrètement ce que vous pouvez faire pour vaincre sa timidité et faire le plein de relations et redynamiser les existantes.
Voici un petit préalable. Je vous propose de vous définir comme celui que vous êtes (Prénom, Nom). C’est tout. Je vous invite donc à retirer toute sorte d’étiquette (statut social, marital, âge… tout comme celle de timide). Projetez-vous plutôt dans l’expérience que vous souhaitez vivre et faites table rase de tous les adjectifs que vous avez pu entendre sur vous ou vous attribuer vous-même. Si vous devez prendre la parole en public ou souhaitez vous initier à l’assertivité, vous avez aussi de quoi vous préparer ici.
C’est parti !
1. Lever les yeux, observer et rencontrer visuellement les gens
À une époque, ma difficulté était de simplement lever les yeux. J’évitais de regarder les autres. Je ne me donnais pas cette permission. C’est comme si j’avais intégré que j’étais moins que les autres. J’avais comme une sorte de croyance limitante du genre : je ne mérite pas. Quelque part, je croyais que je n’avais pas le droit. Je ne m’autorisais à le faire qu’à une certaine distance, celle à laquelle je ne serais pas remarqué.
Le défi à ce stade est donc simplement de lever les yeux quand vous êtes entouré de monde ou vous en croisez (dans la rue, à la machine à café, en réunion…). Observez et essayez de vérifier qui semble disposé à communiquer et qui ne l’est pas. Ne cherchez pas à deviner, posez juste des hypothèses. Imaginez quelle peut être leur vie en ce moment. Prenez seulement quelques secondes par personne, c’est suffisant.
Vous êtes peut-être déjà à l’aise à ce jeu. Dès que c’est le cas passez à la suite. Quand vous croisez quelqu’un, essayez de le regarder dans les yeux un bref instant. Si vous le sentez, prolongez un peu puis ajoutez le sourire. Vous remarquerez combien ne sourient pas. C’est normal. Beaucoup néanmoins répondront à votre sourire.
2. Un pas après l’autre… Que faire après l’échauffement pour vaincre sa timidité ?
L’un des exercices que j’aime bien dès que je cherche à m’extérioriser, c’est d’aller faire mes courses. Le supermarché est un lieu idéal pour faire des rencontres flash. Inutile de se mettre la pression donc, car les possibilités sont là et nombre quasi infini.
Concrètement, le plus facile est d’interagir avec une hôtesse de caisse. Choisissez un moment de faible affluence. Repérez la personne qui vous inspire et patientez. Saluez et souriez. Aidez-la sans trop en faire. Pensez à mettre le séparateur et évitez d’entasser vos courses. Trouvez une remarque agréable et à propos puis remerciez votre interlocutrice. Rares sont les fois où je ne suis pas sorti de cet exercice avec plus d’énergie qu’en arrivant.
Vous pouvez également interagir assez naturellement avec un serveur au restaurant, le coiffeur ou tout autre commerçant. Il suffit de peu de fois pour surmonter votre stress. Inspirez-vous de ces exemples pour personnaliser l’exercice. Allez-y progressivement. Dans le jargon, on parle d’exposition graduée. Elle a démontré son efficacité contre la timidité et la phobie sociale.
Faites une pause dans la lecture et griffonnez votre version de cet exercice. C’est le moment d’aller faire vos courses !
3. Faire avec ses pensées et émotions négatives
Dans un précédent article, je parlais d’un client à qui on avait conseillé de se déconnecter de ses émotions. Elles sont responsables de nos pensées négatives. L’idée peut paraître intéressante, mais c’est nier l’utilité des informations que les émotions transmettent. C’est comme si on vous disait de faire semblant d’être extraverti quand vous ne l’êtes pas, ça ne marche pas bien longtemps.
Les émotions nous aident à comprendre ce qui nous arrive. Si on nie ces informations plutôt que d’agir en conséquence, c’est comme si on essayait de vivre à côté de notre corps… C’est peu tenable, vous ne trouvez pas ?
En revanche, selon le docteur Matthew D. Lieberman de l’université de Californie, assumer et expliciter nos appréhensions, peur et autres sentiments désagréables permet de les affaiblir. C’est comme si notre amygdale se disait « C’est bon, le message est passé. Je vais pouvoir sortir de l’état d’alerte. ».
Il ne vous reste donc qu’à accueillir vos émotions et pensées négatives et les reconnaître comme telles. Vous êtes probablement sorti de votre zone de confort ce qui explique votre inconfort. Avouer ses émotions permet de générer de l’empathie : « Je ne me sens pas à l’aise en faisant… car je suis plutôt timide / timoré / c’est ma première fois… ». Adaptez selon le contexte.
Comme je vous proposais plus haut, dosez la difficulté de l’exercice et acceptez que cela peut prendre plus de temps que prévu. Inutile de plonger tête la première si vous n’avez pas vérifié les différents paramètres qui mettent à mal votre confiance en soi (profondeur de la piscine, température de l’eau, présence d’animaux carnivores…). Même dans le cas où toutes vos peurs seraient fantasmées, vous ne pourrez vaincre votre timidité qu’en tenant compte de ce que vous pensez et ressentez.
4. Souriez intérieurement et laissez-vous envahir
Je vous proposais déjà plus haut de sourire. Voici quelques explications qui me permettent d’insister sur l’importance de ce point.
Les scientifiques se sont beaucoup intéressés au sourire. La psychologie positive lui a donné ses lettres de noblesse, mais déjà au XVIII° siècle, on avait compris qu’il s’agissait d’un élément important de notre psychologie. Ce sont les travaux du neurologue Guillaume Duchêne de Boulogne et le psychologue américain Paul Ekman qui ont rendu cette découverte possible.
Le sourire authentique produit le bien-être.
Oui, vous lisez bien.
Inutile d’attendre le bien-être pour sourire. Vous pouvez produire du bien-être intérieur à volonté. De plus, le sourire authentique a un avantage précieux pour les timides. Il prédispose ses interlocuteurs, car il déclenche une réaction d’empathie.
Si vous n’êtes pas familier avec le sourire, voici comment démarrer :
Souriez pour vous, tout seul sans vous regarder dans la glace. Apprivoisez cette étape puis souriez devant un miroir. Les pensées négatives vous assaillent ? Persévérez, vous êtes à l’abri des regards.
Laissez votre miroir et imaginez que vous souriez avec tout votre corps. Un minimum de pratique devrait déclencher en vous un sentiment de détente et de bien-être. Essayez dans plusieurs positions et situations pour vous familiariser avec ces sensations.
Vous constaterez rapidement que les postures fermées se prêtent moins aux sensations agréables. Les postures fermées incitent généralement les autres à vous laisser dans votre coin. Ouvrez, redressez-vous sans raideur, respirez et souriez.
Vous voilà bien plus ouvert, coopérant et accueillant aux yeux de ceux et celles que vous rencontrerez aujourd’hui.
5. S’engager dans un projet avec une chorale ou un atelier théâtre
Nulle preuve scientifique ici, mais plutôt un partage personnel qui s’appuie sur mon expérience et mes connaissances en analyse transactionnelle notamment.
Dans tout le travail de développement personnel que j’ai pu mener pour moi-même, c’est probablement le théâtre qui m’a permis le plus concrètement de dépasser ma timidité.
Comment expliquer cela ? Voici quelques éléments concrets.
Intégrer un groupe pour un projet artistique présente plusieurs avantages, car ce genre d’initiative répond à plusieurs besoins.
Le premier est, bien évidemment, le besoin de stimulation qui correspond au besoin d’interagir avec son environnement à travers ses sens : vue, odorat, toucher, ouïe, goût. Rien de mieux que le théâtre pour les timides, une chorale, voire un cours d’arts martiaux pour en échanger.
Le deuxième est le besoin de reconnaissance. Celui-ci se nourrit à travers l’échange » de signes de reconnaissance conditionnels, inconditionnels, positifs ou négatifs. Aussi, on peut les donner, les recevoir, les accepter, les refuser ou même se les donner à soi-même. Vous connaissez peut-être « Le compte chaud et doux des chaudoudoux ». Ce compte de Claude Steiner, analyste transactionnel, insiste sur le fait que les signes de reconnaissance sont inépuisables.
Enfin, le troisième est le besoin de structure. On a tous un certain besoin de structurer notre temps, notre espace, mais aussi nos interactions sociales. Le fait d’intégrer un groupe, nous confronte à tous ces types de structuration. La vie et l’évolution d’un projet à travers le temps apporte également ces bénéfices.
6. Comment engager une conversation
Quand on manque d’assurance et qu’on est sujet à la timidité, on a tendance à se focaliser sur les différences avec les autres. Cela fait partie des éléments qui font monter le stress. Ce sont ces différences qui peuvent éveiller la peur du rejet.
Aussi, de nombreuses différences se cachent derrière les questions centrées sur le « quoi ». Un exemple : Que faites-vous dans la vie ? Ce genre de question, bien qu’habituelle, est trop hasardeuse. Je pense qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.
La technique que je vous invite à tester est celle la recherche des points communs. Qu’est-ce qui fait qu’à l’instant « T », vous vous retrouviez au même endroit avec une personne en particulier ? On pourrait appeler cela le jeu de la synchronicité relationnelle. À partir d’un point commun qui peut paraître anodin, recherchez d’autres points communs. Trouver ces ressemblances vous permettront de vous détendre.
Comment démarrer ?
Un simple commentaire sur ce que vous êtes en train de vivre peut suffire. Un exemple ? Une personne qui est à vos côtés dans un musée devant un tableau et qui comme vous, reste un peu plus longtemps que la moyenne : « J’ai du mal à en décrocher les yeux ».
Vous prenez souvent le train ? Malgré votre timidité, vous pourriez engager une conversation avec votre voisin très simplement : « Connaissez-vous l’heure d’arrivée ? » Ce n’est pas plus compliqué de briser la glace. Vous avez identifié un point commun pour commencer. Il s’agit maintenant d’engager la conversation en trouvant un deuxième point commun en partant de vous. Cherchez simplement à placer ce petit mot magique aussi : « Vous voyagez aussi pour le travail ? »
Vous avez probablement remarqué que les conversations peuvent facilement stagner au stade de l’échange d’idées. Afin de dépasser ce stade, intéressez-vous dès que possible à ce qui émeut ou a du sens pour votre interlocuteur. Dale Carnegie, dans Comment se faire des amis, donne des clés basiques pour vaincre sa timidité. En effet, il cite l’écoute comme l’une des qualités essentielles dans une conversation. Quoi de plus confortable quand on est timide ? Aussi, pour s’intéresser à ce que dit son interlocuteur, il vaut mieux poser de bonnes questions.
Essayez les questions qui commencent par « pourquoi ».
Invitez votre interlocuteur à parler de ce qui le touche.
Mieux vaut peu et souvent que beaucoup en une fois et se décourager pour les jours ou semaines à venir.
À vous de jouer !
